1777 : Le beau vélin d’Annonay, les prémices de la révolution technique. Les nostalgiques se plaisent à rêver au beau parchemin fin, tiré de la peau de veau mort né, le vélin …. Si on arrivait à fabriquer un papier bien lisse, sans traces de fils de vergeures…. Il paraît que les Anglais savent faire, mais on ne peut leur demander alors il faut ré inventer. Ce sont les Montgolfier qui réussissent les premiers dès 1777, bientôt imités par Johannot, Réveillon … alors que Le Journal de Paris, premier quotidien français vient de voir le jour.
Lors de l’anoblissement de Pierre Montgolfier, le roi Louis XVI tient à rappeler cette innovation :
« Nous sommes également informé que ledit Sieur Pierre Montgolfier a fait dans sa fabrique les premiers essais de papiers vélins… ».
Elle est composée d’un cadre de bois de chêne et d’un tamis de laiton. Parallèlement aux petits côtés, sont montés les pontuseaux, petites réglettes de sapin piquées dans les grands côtés. La partie supérieure est tranchante et vient affleurer le dessus du cadre.
Pour confectionner le tamis, parallèlement aux pontuseaux, on dispose les fils de vergeure qui vont d’un bout à l’autre du cadre. Ils sont maintenus sur les pontuseaux par de petits fils de laiton.
Chaque format de papier exige une forme différente. Sur les tamis sont cousus, en relief, les filigranes ; comme la vergeure, ils se dessinent dans la pâte et apparaissent en clair. La forme doit être très plate bien que penchant un peu vers les quatre coins afin de donner plus de force à ces parties de la feuille.
La réglementation est draconienne pour les formats et pour la nature du filigrane . Après l’arrêt de 1739, chaque maître doit inscrire en filigrane dans la partie centrale de la feuille à l’opposé du filigrane habituel (raisin, cloche, couronne,…) l’initiale de son nom, son surnom en entier, la qualité du papier (Fin, Moyen, Bulle), le nom de la province ; une veuve doit ajouter le mot « veuve ». Cette réglementation est à la limite de l’absurde puisque cette surcharge de zones minces affaiblit le papier.
La toile tissée est directement fixée aux pontuseaux et ne laisse donc pas de trace de fils sur la feuille.
1780 : Objectif blancheur, la pile hollandaise. Les importations de papier blanc de Hollande déséquilibrent la balance commerciale du Royaume, les autorités du Languedoc s’en émeuvent et décident d’encourager le papetier le plus apte à triturer les chiffons selon la méthode hollandaise. La concurrence est rude, Les Montgolfier sont choisis pour installer des piles à cylindres remplaçant les antiques maillets. L’industrialisation est en marche, mais l’opposition des compagnons papetiers est forte.
1782 : Du papier à la conquête de l’air et de l’espace. 14 décembre 1782, un étrange sac de papier enfle au-dessus d’un feu dans la cour de la manufacture des Montgolfier. Bientôt, il se redresse, s’élève, s’envole, gagne les cieux. Il traverse la rivière et se pose en douceur sur un coteau. Tout a commencé trois semaines plus tôt lorsque Joseph eut l’idée d’emmagasiner de l’air chaud dans un petit cube de papier.
Joseph et Etienne Montgolfier ont réalisé le rêve d’Icare, comme l’oiseau, l’homme volera….
1784 : La Manufacture Royale de Vidalon. Le 19 mars, la papeterie des Montgolfier est érigée en Manufacture Royale. Ce titre tant convoité par tous les papetiers du royaume revient à ceux dont le potentiel d’innovation les a classés en tête de la profession.
La papeterie de Vidalon prend alors devise et armoiries. Ces dernières rappellent le blason d’Annonay (damier sang et or), l’invention de la montgolfière par Joseph et Etienne et la fabrication du papier, notamment le vélin . La devise Ite per orbem (Allez par le monde) évoque la diffusion, déjà internationale, des papiers des Montgolfier.