La papeterie au fil des siècles
Au fil des siècles...
Depuis près de 5 siècles, la papeterie est une industrie du nord de l’Ardèche sous l’impulsion des Montgolfier, Johannot, Canson...
À l'origine
105
La naissance du papier en Chine. La tradition veut que le papier soit né en 105, date de sa présentation à l’empereur par la mandarin Tsaï- Loun. Mais, c’est trois siècles plus tôt que les premières feuilles auraient, en réalité, été fabriquées…
1557
Les débuts de la saga Montgolfier. Alors que les Guerres de Religion ravagent la France, Jacques Montgolfier, papetier d’Ambert, converti au protestantisme quitte l’Auvergne natale pour le Beaujolais.
C’est le début de l’extension géographique de cette famille qui, pendant plusieurs siècles, créera de nombreuses papeteries.
1634
Mathieu et Barthélémy Johannot, premiers papetiers d’Annonay. Fils d’un papetier d’Ambert, les frères Johannot achètent un moulin à blé à Annonay, au faubourg de Faya.
Protestants, ils s‘installent au bord de la Deûme, rivière qui apportera force motrice et eau nécessaire à la transformation du chiffon en pâte à papier.
1654
Le moulin de Vidalon. A Vidalon, paroisse de Davézieux, en aval de la Deûme, un autre moulin à blé est transformé en moulin à papier. D’abord pris en fermage, il est acheté par Antoine Chelles, papetier d’origine ambertoise.
Bientôt, ce lieu isolé voit la construction de bâtiments de production et d’habitation pour les compagnons papetiers.
Des papiers inventifs
1777
Le beau vélin d’Annonay, les prémices de la révolution technique. Les nostalgiques se plaisent à rêver au beau parchemin fin, tiré de la peau de veau mort né, le vélin…. Si on arrivait à fabriquer un papier bien lisse, sans traces de fils de vergeures…. Il paraît que les Anglais savent faire, mais on ne peut leur demander alors il faut ré inventer.
Ce sont les Montgolfier qui réussissent les premiers dès 1777, bientôt imités par Johannot, Réveillon … alors que Le Journal de Paris, premier quotidien français vient de voir le jour.
Lors de l’anoblissement de Pierre Montgolfier, le roi Louis XVI tient à rappeler cette innovation :
« Nous sommes également informé que ledit Sieur Pierre Montgolfier a fait dans sa fabrique les premiers essais de papiers vélins… ».
La forme pour papier vergé
Elle est composée d’un cadre de bois de chêne et d’un tamis de laiton. Parallèlement aux petits côtés, sont montés les pontuseaux, petites réglettes de sapin piquées dans les grands côtés. La partie supérieure est tranchante et vient affleurer le dessus du cadre.
Pour confectionner le tamis, parallèlement aux pontuseaux, on dispose les fils de vergeure qui vont d’un bout à l’autre du cadre. Ils sont maintenus sur les pontuseaux par de petits fils de laiton.
Chaque format de papier exige une forme différente. Sur les tamis sont cousus, en relief, les filigranes ; comme la vergeure, ils se dessinent dans la pâte et apparaissent en clair. La forme doit être très plate bien que penchant un peu vers les quatre coins afin de donner plus de force à ces parties de la feuille.
La réglementation est draconienne pour les formats et pour la nature du filigrane. Après l’arrêt de 1739, chaque maître doit inscrire en filigrane dans la partie centrale de la feuille à l’opposé du filigrane habituel (raisin, cloche, couronne,…) l’initiale de son nom, son surnom en entier, la qualité du papier (Fin, Moyen, Bulle), le nom de la province ; une veuve doit ajouter le mot « veuve ».
Cette réglementation est à la limite de l’absurde puisque cette surcharge de zones minces affaiblit le papier.
La forme pour papier vélin
La toile tissée est directement fixée aux pontuseaux et ne laisse donc pas de trace de fils sur la feuille.
1780
Objectif blancheur, la pile hollandaise. Les importations de papier blanc de Hollande déséquilibrent la balance commerciale du Royaume, les autorités du Languedoc s’en émeuvent et décident d’encourager le papetier le plus apte à triturer les chiffons selon la méthode hollandaise.
La concurrence est rude, Les Montgolfier sont choisis pour installer des piles à cylindres remplaçant les antiques maillets. L’industrialisation est en marche, mais l’opposition des compagnons papetiers est forte.
1782
Du papier à la conquête de l’air et de l’espace. 14 décembre 1782, un étrange sac de papier enfle au-dessus d’un feu dans la cour de la manufacture des Montgolfier. Bientôt, il se redresse, s’élève, s’envole, gagne les cieux. Il traverse la rivière et se pose en douceur sur un coteau.
Tout a commencé trois semaines plus tôt lorsque Joseph eut l’idée d’emmagasiner de l’air chaud dans un petit cube de papier.
Joseph et Etienne Montgolfier ont réalisé le rêve d’Icare, comme l’oiseau, l’homme volera...
1784
La Manufacture Royale de Vidalon. Le 19 mars, la papeterie des Montgolfier est érigée en Manufacture Royale. Ce titre tant convoité par tous les papetiers du royaume revient à ceux dont le potentiel d’innovation les a classés en tête de la profession.
La papeterie de Vidalon prend alors devise et armoiries.
Ces dernières rappellent le blason d’Annonay (damier sang et or), l’invention de la montgolfière par Joseph et Etienne et la fabrication du papier, notamment le vélin. La devise Ite per orbem (Allez par le monde) évoque la diffusion, déjà internationale, des papiers des Montgolfier.
Papiers d'avant-garde
1801
La naissance de Canson et Montgolfier. Etienne de Montgolfier est mort depuis deux ans ; son gendre, Barthélemy Barou de la Lombardière de Canson lui succède.
Excellent technicien, Barthélemy de Canson va faire connaître un nouvel essor à la papeterie.
Il continue le processus d’extension de la gamme offerte mettant au point des papiers innovants. Pendant soixante ans, Barthélemy de Canson sera un grand capitaine d’industrie.
Ainsi, apparaît dans l’histoire de la papeterie ce nom qui deviendra mythique pour les artistes et amateurs de beaux papiers.
1809
Papiers transparents, papiers de couleur, la révolution Canson. Les Canson poursuivent sur la voie de l’innovation initiée par les Montgolfier. Dans le plus grand secret, ils inventent leur papier calque, ce support transparent qui évitera aux architectes de redessiner maintes et maintes fois le même plan. Puis, ils se lancent dans la coloration en pâte des papiers, fixant définitivement et régulièrement la teinte dans la feuille.
Le 18 juillet 1809, au Camp de Schönbrünn, Napoléon I, qui vient de remporter la victoire de Wagram, prend le temps d’accorder un brevet d’invention au sieur Barthélemy Barou de Canson, fabricant de papier à Annonay, « pour l’application à la fabrication du papier, d’un principe colorant, d’une égalité parfaite et d’une fixité à toute épreuve ».
Seuls des acides à fortes doses peuvent décolorer le papier, ce qui efface aussi l’encre. Canson en conclut qu’en utilisant du papier Nankin, on met les écrits à l’abri des falsifications.
Peut-être Napoléon I ne s’est-il pas montré indifférent à cet argument ?
Le papier de Vidalon devient le papier Canson.
1824
La machine à papier, la modernisation se confirme. Ayant immédiatement perçu l’importance de la machine à papier en continu, dès 1815, Barthélemy de Canson décide d’en installer une. Il lui faut plusieurs années pour atteindre son but. Les tractations pour acquérir le brevet sont longues.
En 1823, sa machine à papier en continu est opérationnelle. Dès la mise en route, les Canson cherchent à la perfectionner.
Etienne invente les fameuses caisses aspirantes qui, suçant l’eau sous la toile métallique, améliorent l’égouttage et donnent plus de résistance à la longue feuille en formation. Et pendant ce temps, le cousin Marc Seguin révolutionne les communications en construisant le premier pont suspendu à câbles.
1827
Le collage en pâte, une nouvelle ère pour le papier dessin. Si l’on veut éviter que la feuille ne réagisse comme du buvard, il faut la tremper dans une bassine de gélatine. Avec la machine à papier, il devient urgent de moderniser le collage du papier.
Comment tremper manuellement de si longues feuilles dans un bain de gélatine ?
Barthélemy et Etienne de Canson mettent au point un procédé parfait pour l’écriture, le dessin et le lavis. Désormais, le produit collant, à base de cire, est mélangé à la pâte à papier.
La révolution technologique des Canson continue.
1853
Les papiers photographiques de Vidalon. Nicéphore Niepce a ajouté une nouvelle dimension à l’art, celle de la photographie ; aux papetiers de se mettre au travail pour fournir des supports de qualité.
Dans leur laboratoire de Vidalon, les Canson élaborent la préparation d’un papier pour lequel de nombreux brevets leur seront accordés en France et à l’étranger.
Grâce à ce procédé, on évite l’emploi du chlorure d’or ou du platine servant au virage et on minimise les coûts.
Quelques années plus tard, ils mettent au catalogue des rouleaux de papier pour la photographie industrielle.
Napoléon III épouse Eugénie de Montijo…
1877
Des centaines de références au catalogue. 712 articles, 80 nuances de mi-teintes, des papiers pour lavis, des papiers à grain A ou C, des feuilles et des rouleaux, des enveloppes et es cartes.
Les Papeteries Canson et Montgolfier proposent une gamme de plus en plus large avec des produits adaptés à la demande artistique.
Les médailles pleuvent lors d’expositions.
1887
Van Gogh peint sa Cabane aux tournesols sur un papier Canson et Montgolfier.
Depuis des siècles, Canson entretient une complicité créative avec les artistes.
Au cours de l’été 1887, Vincent Van Gogh dépose une feuille de papier Canson et Montgolfier sur son chevalet.
Bientôt, traits et gouache couvrent la surface blanche. La célèbre Cabane aux tournesols de Montmartre vient de naître.
Ingres, Delacroix, Degas, Maillol, Matisse, Picasso, Kandinsky, Braque… ont largement utilisé et apprécié les différents supports que Canson mettait à leur disposition.
Nombre de leur œuvres en témoignent.
Leur sensibilité et leur technique ont donné vie et noblesse à cette matière qu’est le papier…
Tous les âges ont leur papier...
1910
L’aventure du Montval. Trouver du papier de chiffon de qualité pour les éditions d’art devient de plus en plus difficile, Aristide Maillol charge son neveu Gaspard de lui fabriquer de belles feuilles pour ses bois gravés.
A Montval, près de Marly-le-Roy, il se met au travail mais la guerre l’interrompt et, à son retour, il rejoint les bords de la Deûme pour fabriquer, à Vialon, le célèbre Montval à la baigneuse.
Les Fauves, cubistes, Kandinsky, Paul Klee étonnent le public qui les découvre lors de leurs premières expositions.
1947
La naissance de la pochette Canson.
Des professeurs de dessin pliant sous le poids des cahiers à corriger, des dessins confinés sous leur couverture au lieu de décorer le mur de la chambre.
Il fallait faire quelque chose, les Papeteries Canson trouvent la solution : une pochette en papier pour vendre les feuilles à la douzaine et les conserver…
La célèbre pochette vient de naître, celle qui résiste au temps et aux modes… et qui a été produite à des centaines de millions d’exemplaires.
1956
Arjomari, le regroupement papetier.
Trois ans plus tôt, les célèbres papeteries Johannot d’Annonay se sont unies à celles d’Arches et du Marais, Blanchet et Kléber de Rives les rejoignent, ainsi naît Arjomari (Arches, Johannot, Marais, RIves).
Les bâtiments d’Annonay sont vendus aux Papeteries Canson et Montgolfier qui y installent une nouvelle machine, essentiellement dédiée au calque.
En 1976, les Papeteries Canson et Montgolfier entrent dans le giron d’Arjomari qui devient l’actionnaire majoritaire.
1979
Une présence renforcée à l’International.
C’est le début de la création de nombreuses filiales à l’étranger.
Canson conforte sa présence sur les marchés internationaux, implante des ateliers au-delà du bassin annonéen.
2007
Canson rejoint le groupe Hamelin, leader européen des produits scolaires et de bureau.
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